dimanche, août 20, 2006

kimmy 3

De ce que je me rappelle, mon enfance ne fut pas très joyeuse et choyée, j'étais timide et solitaire, une famille plutôt chacun pour soi, un père souvent absent (pour le travail), une mère débordée et souvent en colère. Mes cousins et cousine me faisaient beaucoup de misère, ils me prenaient mes choses, me provoquaient et même me déshabillaient pendant que je dormais. Le matin ils me racontaient ce qu'ils avaient fait, à quel endroit se trouvaient mes grains de beauté, ils m'épiaient chaque fois je prenais un bain, etc. Une fois, ma cousine qui avait trois ans de plus que moi a même touché mes endroits intimes. Mais le plus grave, c'était avec mon grand-père. Quand j'avais neuf ans, il a baissé mon pantalon de pijama pour introduire un suppositoire sous le prétexte que j'étais constispée. Je ne sais pas ce qu'il a fait avec mon corps pendant que je dormais, mais je trouve que son geste était déplacé, car il l’avait fait sans rien me dire et sans savoir si j'étais d'accord ou non. Toutes ces misères, je n'avait personne pour les confier et m’en décharger.

jeudi, août 17, 2006

Christelle

Bonjour,
Je ne vous connais pas mais je sens que je peux vous faire confiance. Il est 5h du matin et je viens d'achever avec une certaine avidité votre livre "Comment je me suis débarassé de moi-même". Celui-ci s'est révélé être une réponse à beaucoup de mes interrogations sur ce que je suis. Mais par dessus tout, votre livre à mis des mots sur mes maux et sur ce que je viens de vivre.

Je suis une jeune femme de 33 ans, actuellement sans emploi, je vis à S dans l'oise et je partage ma vie avec une personne depuis 7 ans. Nous n'avons pas d'enfants ensemble, lui est déjà père d'un petit garçon de 8 ans, il a 30 ans. Je ne sais pas pourquoi je vous précise ces quelques détails mais ils m'apparaissent importants pour la suite. Ma vie de couple est sans nuages, nous nous entendons bien mais nous n'avons plus de vie sexuelle depuis 3 ans...Je sais qu'il m'aime éperdument et n'imagine pas me quitter, en tous cas il ne m'en parle pas.

Pourtant j'ai ressenti le besoin il y a 2 ans 1/2 de vivre une double de vie avec un de mes collègues de travail de l'époque. Je sortais d'un viol sur la voie publique, j'avais besoin d'exister sans doute... Mais quelque part, j'ai refusé de toutes mes forces cette relation que je savais stérile et qui ne répondrai pas à mes besoins. Pourtant, je n'ai pu m'empêcher de la consommer. J'avais fini par dire que je m'installerais avec lui dès que possible.
Cette personne était devenue mon meilleur ami, mon binôme commercial.Tout allait bien ainsi et puis il est devenu mon amant dans un premier temps. Cette personne m'avait confié auparavant qu'il était malade d'une mutation génétique irrémédiable connue de tous, la myopathie. Cette maladie dégénérescente du système neurologique et musculaire. Il en existe plusieurs versions et cette personne était touchée par l'une d'elle dont la dégénérescence est très longue. Il ne portait que quelques stigmates physiques presque invisibles si on ne le savait pas. Mais cette maladie entraîne de nombreux interdits (pas d'enfants puisque transmissible, il ne restait que la FIV avec toute la lourdeur que cela incombe) mais aussi de nombreux examens toutes l'année pour lui avec l'inquiètude qui va avec, des problèmes de santé, alimentaires... J'ai 33 ans, je voulais un enfant rapidement,par voie normale. Avec le viol, je voulais un enfant de l'amour.

C'était trop pour moi, je ne me sentais pas capable de supporter tout çà, surtoutavec l'agression en amont. Mais j'en suis tombée amoureuse,passionnémént. Très vite, la maladie s'est mise entre nous, injuste, destructrice, ravageuse... l'impossibilité de fonder un foyer, le déséquilibre permanent de quelqu'un qui faisait ce qu'il pouvait avec sa maladie...mon impuissance à m'aider, à l'aider.Je suis pourtant tombée enceinte de lui en février 2006, le verdict est tombé lui aussi, assourdissant. L'enfant était porteur de la maladie. J'ai dû engager une interruption médicale de grossesse à presque 4 mois. Je dois péciser que dans cette maladie, les couples ont une chance sur 2 d'avoir un enfant sein, tout dépend du gêne transmis.

C'est pourquoi, nous avions tout de même eu de l'espoir. Dans notre histoire chaotique et déchirante, nous avions vu cet enfant comme un cadeau. Mais le sort en a décidé autrement ! Bien sûr, avant le verdict, je suis passée par de très lourds examens pour définir la génétique de mon enfant, c'est pourquoi j'ai dû attendre si loin dans ma grossesse afin d'avoir, pour les médecins, suffisamment de patrimoine génétique à étudier.
Etant donné le caractère avancée de ma grossese, j'ai du accoucher. J'ai tenu mon enfant mort dans mes bras, mon ami à côté de moi, je vous laisse imaginer l'horreur. Notre histoire n'a pas résistée et après l'incinération du foetus, nous nous sommes séparés dans l'ultra violence des coups physiques et des insultes abominables, détruits par la perte de notre enfant Evan. "M", pour ne pas citer son nom m'a battue le lendemain de l'avortement et le jour de notre séparation, j'ai aussi rendu les coups.Nous étions arrivés à ce point de déchéance tellement nous ne pouvions plus communiquer, murés dans notre culpabilité et notre douleur.
Pour l'un, c'était d'avoir transmis la maladie, pour l'autre d'y avoir cru. Ce n'était pas la première fois, notre histoire avait déjà dégénéré dans les coups, mais je mettais ça sur le compte de la maladie et de notre impossibilité à nous aimer. Lorsque nous arrivions à dépasser la maladie, nous étions biens..ou presque car très différents malgré tout.
Et puis, 4 jours après l'enterrement, une ultime dispute a eu raison de tout. Nous savions que nous étions allés trop loin et ni l'un ni l'autre n'a rappelé, usés, désespéré. C'était fini...

En dernier lieu, je dois vous dire que je n'ai jamais eu le courage de quitter mon ami de 7 ans, dévorée par la peur d'avoir à supporter la myopathie. Mon ami de 7 ans était mon refuge, ma garantie de liberté même si je ne l'ai jamais aimé avec un grand "A", il était tout pour moi, il l'est toujours, je suis bien avec lui, si étrange que cela puisse paraître. Je ne sais pas si bien si je l'ai trompé.
Avec mon amant, ce fût peine perdue car malgré la pseudo-protection que j'avais érigé, j'en suis venue à vivre ce qui me terrifiait, une grossesse inerrompue pour cause de myopathie. Pourquoi n'ai-je pas réussi à enrayer cette histoire, pourquoi suis-je toujours en décalage avec mon ami de 7 ans avec qui je suis restée car j'ai toujours réussi à tout lui cacher, même la grossesse. Pourquoi, me suis-je laissée aller dans cet engrenage.Ma seule réponse était à l'époque "je n'ai pas la force de quitter cette personne malade"...par pitié, je ne sais pas mais je ne pense pas...
Aujourd'hui, je vis le deuil d'un amour perdu et de mon enfant...c'est insuportable, presque crucifiant...Pourtant en lisant votre livre, j'ai découvert que malgré le destin, j'avais été "l'instigatrice" de ce désastre sur bien des plans...Je ne veux pas me disculper mais le viol avait déjà était tellement dur pour moi...

Je dois dire que j'en avais toujours eu conscience de cette relation toxique mais je ne pouvais m'empêcher de me sacrifier un peu plus chaque jour. Je voulais vaincre la maladie. Animée de bonnes intentions, je suis pourtant devenue extrêment violente envers "m". Je voulais l'aimer mais détruire la maladie qui l'avait en lui pour laquelle je lui en voulais. C'était complétement idiot je sais, car ce n'était pas de sa faute.

Aujourd'hui, magré la douleur, je veux vivre, vivre autrement et ne plus rentrer dans ces schémas. J'ai souhaité vous raconter mon histoire sans doute pour la déposer d'une part mais surtout parce votre livre ne sera pas suffisant et j'ai besoin d'aide. La bonne. Le deuil m'a considérablement affaiblie et je ne sais à qui me confier : psychanalyste, psychothérapeute ? Je ne veux pas me tromper de thérapie, je suis bien trop dans l'urgence. Le caractère détailliste de mon histoire me semblait important pour que vous puissiez me guider vers la bonne thérapie, D'avance un grand merci.
Très sincèrement,
Christelle

Marie 74

Bonjour
Je viens de visiter votre site "souvenirs-souvenirs", aussi j'aimerais vous faire part de quelques souvenirs d'enfance qui me sont "revenus" en débutant votre dernier livre "Ces souvenirs qui nous gouvernent". Si vous les trouvez intéressants, s'ils peuvent aider quelqu'un à se souvenir à son tour, je vous remercie de les publier dans votre blog.
Marie

Le plus lointain
Je devais avoir 4 ans. Ma mère gardait le fils d'une voisine. Mon frère, qui avait 9 ans de plus que moi me donnait des ordres, m'incitait à aller voir ce jeune garçon qui devait avoir 11 ans je crois et à le réveiller alors qu'il dormait, à force de petites claques et de pincements. Évidemment, l'enfant s'est mis à pleurer. Ma mère était fâchée, je crois me rappeler qu'elle nous a grondés.
Mais ce que je retiens de ce souvenir c'est d'avoir fait du mal à quelqu'un, de l'avoir fait pleurer. Peut-être est-ce l'une des raisons qui font qu'aujourd'hui je suis habitée par un grand sentiment de culpabilité…
Un autre souvenir, à la même époque, est celui de mon frère qui grillait les mouches au soleil avec sa loupe. J'ai toujours trouvé ça dégoûtant et cruel.

Celui que je refoule et qui revient, de temps en temps
J'ai 8 ans je crois. Je suis en vacances chez mon oncle et ma tante (où je passe habituellement toutes mes vacances). Je joue souvent avec Elisabeth, plus âgée que moi (entre 12 et 14 ans je crois). Elle vient me voir, nous nous amusons dans le jardin. Elle invente souvent des jeux. Elle m'impressionne car elle est plus grande, elle sait plus de choses, je la suis, je l'écoute, je suis docile (et très timide).

Un jour, Elisabeth décide d'un nouveau jeu. Un jeu du "papa et de la maman" amélioré si on peut dire. Elle prévoit une petite scène que nous devrons jouer toutes les deux. Elle m'explique que nous sommes un couple qui se retrouve le soir, un couple heureux de se retrouver… il n'y a pas vraiment de scénario, juste quelques directives (on se prend dans les bras, on s'embrasse…). Nous commençons dans les rôles de la femme pour moi et de l'homme pour elle. Ensuite il faudra intervertir les rôles me dit-elle.

Je suis dans la chambre. Je suis la femme qui attend le retour de son homme qui rentre du travail. Elisabeth arrive. Elle ouvre la porte. Me prend dans ses bras et m'embrasse tout de suite, sur la bouche. Je suis troublée, je deviens toute rouge. Elle en est consciente. Je ne suis pas au bout de mes surprises. Elle me parle comme un homme parlerait à l'amour de sa vie : "oh ma chérie, comme tu m'as manqué. Je suis content de te retrouver ce soir, de te serrer contre moi, viens là …. ". Elle me demande de m'allonger sur le lit, me caresse, ôte ma culotte (je me souviens encore de quelle culotte il s'agit, sa texture et sa couleur), embrasse mon sexe, le lèche. Je suis très mal à l'aise, et encore aujourd'hui en écrivant ceci. Mais en même temps, je découvre le plaisir (allié à une culpabilité certaine).

Il faut songer à échanger les rôles. Ça n'a pas duré très longtemps, pas assez à mon goût, et à vrai dire, je n'ai pas envie de "faire l'homme". Mais Elisabeth a "rempli sa part du contrat" et je m'exécute à mon tour. Je suis gênée, rouge de honte, et surtout dégoûtée. Ça ne me plait pas de faire "ça". Je n'y prends pas de plaisir, je ne trouve pas cela agréable. Je me force. Je me dis que c'est comme ça, qu'elle l'a fait aussi.

Ce souvenir revient me hanter de temps en temps et j'ai toujours ce sentiment de culpabilité. Ma famille est catholique pratiquante, il est donc facile de deviner de quelle manière j'ai été éduquée. Oui, je me suis sentie honteuse et coupable. Et encore aujourd'hui j'y pense.

Le plus douloureux
Mars 1978.J'ai 12 ans. Je rentre du collège pour déjeuner chez moi comme tous les midis. Ma mère m'apprend que mon oncle (chez qui je passais mes vacances, cf. plus haut) a eu un accident de voiture très grave. Qu'il va très mal. Et qu'elle part cet après midi même pour rejoindre ma tante (qui habite à 300 km de chez nous) et être près d'elle. Je suis très triste. J'aime beaucoup mon Oncle E. qui, je dois le préciser, fait office de père pour moi car mon père, bien que très présent physiquement, ne me montre pas beaucoup d'affection. Avec mon oncle E. je ris, je m'amuse, j'ai l'impression d'exister.

En rentrant, j'apprends par mon père, mon frère et ma sœur que mon oncle est décédé des suites de ses blessures. Quelque chose se brise en moi, je suis anéantie. Le soir même, nous regardons tous les 4 le journal télévisé et à ma grande stupeur, le présentateur parle du décès de mon oncle. Il explique que ce directeur d'entreprise n'a pas supporté les grèves des ouvriers dans son usine, et que dépressif et n'ayant pas le pouvoir de décision quant aux demandes de ses employés, il avait mis fin à ses jours en se pendant sur son lieu de travail. Déjà très secouée, je reçois une grosse gifle. Je regarde mon père, ma sœur, mon frère et je dis : "mais ça veut dire quoi, ça ? ". On me répond (je ne sais plus lequel des 3) : "tu sais les journalistes ne racontent pas toujours la vérité. Il a eu un accident de voiture, tu sais bien, on te l'a dit". Je me tais. Je suis timide, renfermée. Je ne proteste pas. Et de toute façon je ne suis pas sûre de tout comprendre. Je suis naïve, je fais confiance à la réponse qui m'a été donnée et pourtant, cette photo de mon oncle sur l'écran de la télévision, la voix du journaliste, pourquoi avoir inventé cela. J'essaie de refouler, j'ai peur et j'ai mal. J'ai beaucoup de mal à dormir. Je pense à mon oncle E. qui n'est plus là, qui ne me fera plus rire, je me sens vide et tellement triste.

Quelques jours plus tard, nous arrivons chez ma tante pour assister à l'enterrement. Tout le monde pleure, murmure et chuchote. Ma tante est courageuse. Je ne me souviens plus si j'ai vu mon cousin qui avait 5 ans. Je crois qu'il est resté chez une sœur de son père. J'ai mal aussi pour lui. La cérémonie est pénible, je voudrais partir, c'est vraiment horrible. Pour aller au cimetière, c'est un frère de ma mère qui m'emmène dans sa voiture. Gentil, mais très curieux et un peu cancanier… je pleure à chaudes larmes. Il me dit "allez, ça va aller. Qu'est ce que tu en penses toi de tout ça ?". Je réponds entre deux sanglots : "j'sais pas. Ils ont dit à la télé qu'il s'était suicidé". Et là il me répond : "Ben c'est vrai". Nouveau coup dur, nouvelle souffrance. Pourquoi ma mère m'a menti ? Pourquoi m'ont-ils tous menti ? Je me sens trahie et encore plus triste de tout ce gâchis. On a estimé que je n'étais pas "digne" de connaître la vérité. Je suis en colère mais je me tais. Comme d'habitude.

Ce souvenir est encore douloureux aujourd'hui. Je pense souvent à mon oncle et il me manque autant que mon papa décédé il y a 5 ans d'un cancer du poumon. Parce qu'il m'avait donné de la tendresse et de l'attention. Parce que pense qu'il me comprenait. Parce qu'il s'intéressait à moi.
Aujourd'hui, je me sens encore comme cette fillette de 12 ans, souvent mise à part. après 15 ans de mariage pendant lesquels j'ai subi plus qu'agi dans ma vie, j'ai fini par divorcer. Je vis seule avec mes deux enfants. Je suis de plus en plus seule. J'essaie de comprendre pourquoi je n'ai pas d'amis, pourquoi je suis comme ça.
J'ai lu votre livre "comment je me suis débarrassé de moi-même", je viens de commencer "ces souvenirs qui nous gouvernent", j'espère y trouver quelques réponses. Mon problème c'est que je comprends les choses, mais je ne sais pas comment les faire changer. Merci à vous de m'avoir lue jusqu'au bout.