vendredi, juillet 28, 2006

Alice, 21 ans, Paris

Lorsqu'on me parle de mauvais souvenirs, trois d'entre eux surgissent dans ma tête.

L'escalier de ma maison. J'ai huit ou neuf ans. Je suis assise sur la marche la plus haute, la tête posée entre mes mains, les larmes qui coulent sur mes joues. Les cris de mes parents résonnent en moi comme des centaines de lames de rasoir acérées.

Hiver 2003. Je suis à Londres avec mon père dans une chambre d'hôtel. Je me prépare à sortir pour un concert. Je prends une douche puis je me regarde dans le miroir, nue. L‚image de mes os saillants m'envoie un électrochoc. Je suis anorexique. Je ne peux désormais plus le nier. Mes fesses sont inexistantes, mon coccyx est dépourvu de son enveloppe. Je meurs à petit feu.

Mi-septembre 2004. Je viens d'emménager sur le campus de mon université à L. Je suis dans la chambre d'une amie, je consulte mes mails. Machinalement, je vérifie ceux de mon amoureux. Trois emails de Céline. Je clique. Je m'effondre littéralement sur le sol en sanglots. Il me trompe. Depuis combien de temps ? Je ne peux plus respirer. J'ai une épée enfoncée dans mon estomac. La douleur est violente, profonde. Mon coeur saigne comme jamais il n'a saigné auparavant.

Alice

KAD

A la naissance de mon aîné, je me suis débarrassé mon lit conjugal (j'ai déménagé dans un appartement où les chambres sont plus petites que la chambre de l'ancien appartement) car le lit était trop grande pour la chambre. Il n'y a rien d'anormal, me direz-vous, mais cela ne s'arrête pas là. Je continue à me débarrasser des lits l'un après l'autre sans me demander la réelle raison. Soit je trouve que lit n'est pas confortable, ou il est moche, ou qu'il fait trop de bruit...

Après cchacune de ces actions, je dormais par terre sur un tapis de gym, par exemple en attendant le nouveau lit arrive. Mon mari continuait à dormir sur son lit car nous faisions chambre à part depuis longtemps. En l'espace de treize ans, j'ai mis dehors environs six lits tout neuf et je dormais toujours par terre. Mon mari m'a dit que j'étais "dépossédée et folle". J'étais désespérée et un jour j'ai pu mis fin à ces folies. J'ai pu trouver la raison qui m'a poussé à faire ces gestes ridicules, il y a la racine dans mon enfance chaotique.

Comme au Vietnam, on n'a pas de chambre d'individuelle, tout le monde dort dans la même chambre, souvent 3 ou 4 dans un même lit. Je dormais avec mon père, ma mère avec mon frère. Ma grande soeur dormait toute seule au rez-de-chaussée pour échanger ces lettres d'amour avec son chéri (en cachette, bien sûre). Un jour m'a soeur a mis le feu par inadvertance et depuis ce jour-là, seulement mon père dormait au 1er étage. Le reste dormait en-bas. Il y avait un lit mais ma mère a préféré dormir par terre tout près de la fenêtre. J'avais honte de dormir là, car les gens peuvent regarder à travers les fentes de la fenêtre (je suis très pudique!). En plus, tous les soirs il faut laver le sol avant de poser la natte... Je suis quelqu'un qui vis dans les rêves pour échapper à la dureté et à la banalité de la vie. Dans les moments de rêverie, j'imaginais me réveiller un matin dans une chambre du style princesse avec les décorations romantiques.

Puis, un jour, j'ai pu réalisé mon rêve d'avoir une chambre avec un lit (pas comme dans mes rêves mais quand même une chambre complète avec un armoir, un lit et deux chevets assortis) quand je suis arrivée à Genève. Cela a duré trois ans avant que ces cauchemars ne commence!
Maintenant, j'ai compris la raison qui m'a poussé à faire ces gestes ridicules, je pense c'est une "loyauté invisible". Je pense à acheter un nouveau lit ou canapé l'année prochaine pour pouvoir enfin dormir plus confortablement et je le garderai aussi longtemps que je vivrai sous mon toit. Et un jour j'aurai de nouveau une chambre complète comme dans mon rêve de mon enfance...

Kimmy 2

Je vous remercie pour votre idée de ce blog. Mes souvenirs, ils sont souvent plus tristes que gai (c'est ma nature mélancolique et pessimiste, sans doute). Voici un autre souvenir de ma vie.

Je suis quelqu'un de nature réservée, pudique et très timide, je rougis facilement (c'est très embêtant pour moi). Cela est dû sûrement à mon enfance assez solitaire et très complexée. Mes deux seuls plaisirs pour moi c'était la lecture pour rêver et manger pour compenser mes angoisses et tritesse! Je n'étais pas obèse mais en surpoids, je ne pense qu'à manger, je mangeais en cachette les morceaux de sucre de canne, les desserts je finis toujours avant les autres et après j'insiste pour qu'on me donne une petite bouchée. Quand à l'argent que je reçois pour les fêtes, c'est sûrement pour les friandises que je dépense, au contraire de ma soeur, elle le dépense pour les bijoux ou vêtements.

J'étais très malheureuse sans me rendre compte, j'ai compris à l'âge de 40 ans, lorsque ma prof m'a dit de tracer le schéma de ma vie de la naissance jusqu'à la mort. J'avais des éclats de sanglots violents et cela durait pendant longtemps et tous les souvenirs sont remontés à la surface que j'avais complètement oubliés pendant plus de 30 ans. Je me souviens l'image d'une petite fille dodue que ma mère m'a comparé à un éléphante, ronde comme un oeuf, et mon père me disait de faire des excercies pour maigrir, mais personne ne parlait avec moi pour comprendre mes tritesse, mes douleurs et ma solitude que je compense en mangeant! Ma soeur aînée et mince est jolie, mon petit frère est le chouchou de la famille est mince aussi, je suis au milieu et grosse. J'avais les dents toutes abîmées à force de manger trop de sucrerie et aussi la nuit. Je pleurais souvent à cause des rages de dents, j'avais les joues gonflées comme des hamsters. En plus de ça, j'étais énurésique et souvent malade, j'étais une charge et source de malheur pour mes parents, je crois.

Ma mère est anxieuse de nature, elle était énervée quand je tombe malade, parfois je reçois une gifle de sa part avant de prendre soins de moi. Malgré la peur de sa colère, j'aimais tomber malade pour qu'on m'occupe de moi, me faire des choses à manger que j'aime. J'ai été hospitalisée plusieurs fois dans mon enfance et je garde toujours des bons souvenirs, c'était le calm et la gentillesse des infirmières... Je rêvais toujours un ailleurs mais sans savoir où, j'adorais de lire les contes de fées, les phénomènes surnaturels, j'avais très peur des fantômes mais j'adorais lire les inscriptions sur les tombeaux, les histoires anciens des empereur et des impératrices du monde entier, surtout quand c'est tragique comme la famille de Tsar en Russie, je me sens très triste pendant longtemps.

Mon adolescence était misérable à cause de la chute du Saïgon, mon père a perdu du travail et vivait presque en cachette. Nous avons perdu presque toute notre économie placé dans une banque. Le quotidien c'était la tension, les disputes entre les parents (voire même les coups de pieds ou des gifles), le combat pour la survie au quotidien...

J'ai pu quitter mon pays par un miracle inespéré mais après quelque temps, je me retrouve replonger de nouveau dans la tritesse, la peur et le sentiment d'abandon que je vous raconterai la prochaine fois car je dois partir maintenant.

Kimmy

Isabelle

Bonjour
J'ai 30 ans. Je fais un travail sur moi depuis quelques années déjà.
Un souvenir me hante, quelque chose que je ne peux réveler à personne, et dont, pourtant, j'aimerai connaitre le sens.
Je pense être quelqu'un d'équilibré, enfin pas moins ni plus que la majeur partie d'entre nous, ce que je veux dire, c'est que j'ai un mari, des enfants, des relations harmonieuses.
Depuis plusieurs années, je suis venue à me questionner sur l'éventualité d'attouchements que l'on aurait portés à mon corps. Je n'ai aucun souvenir de cela.

Lorsque j'avais 6 ou 7 ans, j'ai le souvenir très net d'avoir voulu embrasser ma chienne sur la bouche, d'avoir voulu l'embrasser avec la langue, et d'avoir essayé de faire en sorte qu'elle me lèche à des endoits où à cet âge, on ne pense même pas à se caresser.

Avec le recul, je me dis que ce souvenir est peut-être une preuve d'avoir subi des choses, car même si la honte demeure, il n'en reste pas moins étrange de tenter d'avoir des relations intimes avec un animal.

Merci, c'est un soulagement pour moi d'avoir posé cette valise.
Isabelle

vendredi, juillet 21, 2006

Kimmy

J'ai très peur des reptiles, surtout les lézards, car quand j'étais petite un grand lézard est tombé dans ma chemise. J'étais terrorisée et depuis j'ai cette phobie. Comme j'étais énurésique, toute les nuits je devais aller "faire pipi". J'habitais au Vietnam et la nuit quand on allume de la lumière, on voit toute sorte d'insectes et surtout les lézards! A cause de cela que je faisais souvent pipi au lit et j'étais très malheureuse.
Un jour, ma petite cousine venais chez nous pour quelques temps et elle avait environs cinq ou six ans et moi environs douze. Comme presque d'habitude, j'ai mouillé le lit et comme j'avais trop honte d'avouer, je l'ai faite porter chapeau. Elle a protesté et sa mère a dit que c'était sûrement pas ta grande cousine. C'était honteux de faire porter la faute sur quelqu'un mais c'est trop humiliant de faire pipi au lit à douze ans.
Kimmy